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Raymond Chandler, The Big Sleep

A bell rang faintly, light through the rain, a closing door, silence.

Raymond Chandler, The Big Sleep

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Questions sans réponse

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« Fait-il bien ou mal ? se demandait Pierre. S’agit-il de moi, c’est bien ; dans le cas d’un autre voyageur ce serait mal. Et quant à lui, il ne peut se conduire autrement parce qu’il n’a rien à manger. Il racontait qu’un officier l’avait battu parce qu’il ne lui donnait pas de chevaux, et l’officier l’a battu parce qu’il était obligé de se hâter. Et moi j’ai tiré sur Dolokhov parce que je me suis considéré comme offensé, et on a exécuté Louis XVI parce qu’on le considérait comme un criminel, et un peu plus tard on a tué pour des raisons quelconques ceux qui l’avaient exécuté. Qu’est-ce qui est mal ? Qu’est-ce qui est bien ? Que doit-on aimer ? Que doit-on détester ? Pourquoi vivre ? Et que suis-je, moi ? Qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce que la mort ? Quelle force gouverne tout ? »
Et il n’y avait de réponse à aucune de ces questions, sauf une réponse illogique et qui ne répondait nullement à ces questions. Cette réponse était : « Tu mourras et tout sera fini. Tu mourras et tu sauras tout, ou bien tu cesseras d’interroger. » Mais mourir aussi était effrayant.

Léon Tolstoï, La guerre et la paix, traduction de Boris de Schlœzer

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« Il me semble que c’est ainsi que naissent les meilleures religions. »

Mantra

Les plus grands prophètes ont toujours été ceux qui, au départ, ne croyaient en rien de tout ce qu’on utilisait — lorsque la foi déplaçait les montagnes et que les tremblements de terre se produisaient — pour éclairer le sombre monde des bêtes et l’obscure conscience des hommes. Les plus grands prophètes n’étaient que des élus d’eux-mêmes qui racontaient la même histoire, chaque jour un peu mieux, de village en village, d’année en année, jusqu’à ce que tout ce qu’ils criaient au bord de la mer, en haut d’un rocher vertical sur le désert horizontal ou pendus par les pieds à la poutre maîtresse des temples de la zone crépusculaire finisse par faire partie intégrante du paysage et de notre histoire. Toujours les mêmes mots dits et redits autant de fois que nécessaire jusqu’à ce qu’au bout du compte, miraculeusement alléluiaformes, ils soient obligés de croire à tout ce qu’ils étaient parvenus à faire croire aux autres.

Rodrigo Fresán, Mantra, pp. 145-146
traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon
Seuil, 2014

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