Je sais que j’ai rêvé cette nuit. Je le sais parce que je me souviens m’être dit durant la nuit qu’il faudrait que je me souvienne de mon rêve au réveil pour le pouvoir consigner dans mon journal. Ce que je sais aussi, c’est que je ne me souviens plus du rêve, mais uniquement du souhait de m’en souvenir que j’avais formulé quasi en dormant. Ou bien était-ce là le rêve vraiment ? J’ai rêvé que je voulais me souvenir d’un rêve dont je ne me souviendrais pas au réveil.
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J’ai dit plus haut que vivre était un souhait, mais il faut plutôt parler de désir, il y a quelque chose comme un élan, un appel, une pulsion. Toutefois, ce vocabulaire ne me satisfait pas. Spinoza parle de puissance d’agir, de conatus, mais s’il y a dans ce mot l’idée d’un effort, cela ne me va pas. Vivre n’est pas un effort ; — celui qui fait un effort pour vivre est déjà mort. La vie peut impliquer un effort, mais elle ne le présuppose pas.
La vie n’est pas non plus une obligation.
(NdlCR, 33-34)